Koh Lanta, 4 décembre.
Alors, l’épreuve des poteaux, c’est pour quand ? On me l’a déjà demandé trois fois depuis qu’on est arrivés hier. Spoiler : pas de poteaux ici. Mais par contre, des plages de rêve, une nature sauvage et… une maman à l’orteil cassé. Allez, je vous raconte.
Mais avant de vous parler des plages paradisiaques et de nos aventures au bout du monde, laissez-moi vous raconter notre arrivée rocambolesque. Imaginez un bus des années 80 : rideaux roses et oranges, lumières qui clignotent comme dans une boîte de nuit, et des sièges qui semblent avoir survécu à toutes les modes. Je crois qu’il manquait juste un néon VIP pour compléter l’ambiance. Tout allait bien jusqu’à Krabi, où les choses ont commencé à devenir… disons, plus intéressantes.
Premier arrêt. Pas pour nous. Deuxième arrêt. Toujours pas. Troisième arrêt. Là, le chauffeur descend, silence total, et soudain, je remarque une pile de bagages abandonnés sur le trottoir. Vous l’avez deviné : nos sacs étaient déjà là, largués sans cérémonie. Pas de doute, c’est ici qu’on change de véhicule.
Nous voilà donc à bord d’un van typiquement thaïlandais. Le chauffeur, tout sourire, empile les bagages comme s’il jouait la partie de sa vie au Tetris. À chaque arrêt, de nouveaux passagers montent, des valises s’ajoutent, et nous, on rit en nous demandant où ils vont bien pouvoir les caser. Honnêtement, à un moment, j’ai presque cru qu’on allait devoir tenir des sacs sur nos genoux. Mais non, il restait toujours de la place. Mystère de la logique thaïlandaise.
Arrivés au port, nous avons pris un ferry pour Koh Lanta. L’ambiance change du tout au tout : la mer d’Andaman est d’un calme incroyable, et le ciel, chargé de nuages mauves, semblait peint à la main. Je crois que c’est le moment où je me suis dit : ça y est, on y est vraiment. Bye-bye Phuket et ses bouchons, bonjour paradis sauvage.
…
Notre hôtel ? Une petite perle en bord de mer. Piscine, plage à quelques pas, et une atmosphère qui te fait immédiatement décrocher. C’est le genre d’endroit où tu pourrais vivre pieds nus pour toujours. Roméo, lui, était déjà parti explorer avant même que je m’en rende compte.
Les hôtels, ça a ce petit côté social que j’adore. Roméo, lui, s’y éclate à chaque fois. Peu importe où on atterrit, il finit toujours par trouver quelqu’un avec qui discuter, jouer ou refaire le monde. C’est presque fascinant de le voir à l’oeuvre. Depuis qu’il est tout petit, il a cette manière bien à lui d’aborder les gens. Il observe d’abord de loin, prend le temps de repérer, puis s’approche, comme si son instinct lui disais : c’est bon, tu peux y aller, c’est safe.
Je me souviens encore de la première fois où je l’ai vraiment remarqué. C’était sur une plage, un jour en vacances. Il devait avoir 3 ou 4 ans, pas plus. Il avait repéré un enfant qui jouait, et je l’ai vu commencer sa mission. Avançant mètre par mètre, un pas hésitant après l’autre, comme un petit explorateur prudent. Il lui a fallu quinze bonnes minutes pour franchir les quelques mètres qui les séparaient.
Aujourd’hui, il se fait des copains de voyage avec une facilité déconcertante. C’est un vrai talent. Moi, je suis à côté avec mon carnet ou mon bouquin, et lui, il revient toujours avec une nouvelle histoire ou un nouveau prénom. Sérieusement, en quelques semaines, il a récupéré plus de numéros de téléphone que moi en plusieurs mois de voyage. Et je ne parle même pas des conversations qu’il entame avec des adultes comme s’il avait trente ans. Pas sûre que je m’en remette ! Mais bon, je suis fière, je dois l’avouer.
Une fois les valises posées, direction le bar pour le coucher de soleil. J’en garde des souvenirs impérissables, et il me tardait de retrouver cette ambiance, ici plus qu’ailleurs. Le bar est simple, tout en bambou, avec des fauteuils-coussins éparpillés au sol, et d’autres, nichés sur des filets suspendus comme ceux des catamarans, au-dessus du sable. On s’assoit face à la mer qui n’est qu’à quelques mètres. Le reggae tourne en fond, le soleil disparaît lentement, et quand il n’est plus là, des lumières colorées prennent le relais.
Là, je me détends enfin. Koh Lanta n’a rien perdu de son charme depuis mon dernier passage, et c’est exactement ce que j’étais venue chercher.
La liberté des routes et la jungle
Koh Lanta, c’est la liberté. Deux routes principales, pas de bouchons, juste des paysages qui te coupent le souffle et te font tout oublier. Tout autour, la jungle, des collines qui se perdent à l’horizon, et au détour d’un virage, parfois, une vue incroyable sur la mer.
Un après-midi, on a pris un scooter pour partir à l’aventure. La pluie s’est invitée en chemin, mais au lieu de gâcher notre balade, elle a rendu la jungle encore plus magique. Les gouttes scintillaient sur les feuilles, et une brume légère enveloppait les collines. À un moment, on a croisé une famille de singes assise tranquillement au bord de la route.
— Regarde, maman, ils jouent au Uno !
Roméo était plié de rire. Et moi aussi. Ce gamin a un talent pour transformer n’importe quelle rencontre en éclat de rire.
Plus loin, on a découvert un totem de Koh Lanta, et Roméo n’a pas résisté. Fier comme tout, il a posé devant, un sourire radieux aux lèvres. Pour lui, c’était le clou de la journée : un vrai moment de gloire.
On a continué à rouler, le scooter filant sur ces petites routes sinueuses, entourées de jungle. Roméo adorait ça : la sensation de liberté, le vent qui fouettait son visage, et cette impression d’être seuls au monde. Chaque virage apportait une nouvelle surprise : une vue incroyable sur la mer au loin, des collines recouvertes de végétation dense, ou des chemins qui disparaissaient dans la forêt.
Notre ballade nous a conduit jusqu’au Mu Ko National Park. C’est un autre monde. Des falaises gigantesques plongent dans une mer turquoise, et tout semble à sa place : sauvage, brut, indifférent au passage du temps.
Les premiers à nous accueillir ? Les singes. Ils sautaient d’arbre en arbre, escaladaient les rochers avec un air de défi, comme s’ils nous invitaient à les rejoindre. Roméo a pris ça très au sérieux. Deux minutes plus tard, il était accroché à une branche, hilare.
— Tu crois qu’ils vont m’accepter dans leur équipe, maman ?
J’ai ri. En le voyant se balancer comme un petit singe, je n’avais aucun doute.
Plus loin, un vieux phare se dressait, imperturbable face à l’horizon. Mais Roméo n’y a jeté qu’un bref regard avant de repérer un énorme rocher. En un rien de temps, il grimpait dessus, triomphant au sommet.
— Regarde ça ! a-t-il crié, bras levés, comme un vrai petit explorateur.
Sur la plage, les balançoires suspendues aux arbres semblaient nous attendre. On s’est amusés comme des gamins, tous les trois. Et là, sur le sable, on a vu les coquillages qui bougeaient. Des petits bernard-l’ermite, traînant leurs coquilles comme des escargots pressés. Roméo, accroupi, les suivait du doigt.
— Ils vont où, tu crois ?
Aucune idée. Mais tout semblait avoir une destination, même ces minuscules créatures, dans ce coin de paradis.
La mer, un autre univers
Nos excursions en mer, c’était comme plonger dans un autre monde. Littéralement.
La première aventure a commencé par du snorkelling. On avait embarqué à bord d’un long-tail boat, ces bateaux typiques d’Asie qui grincent un peu, mais qui tiennent bon contre vents et marées. Roméo était un peu nerveux : il n’avait jamais fait de snorkelling avant. Je l’ai pris par la main.
— Allez, fais-moi confiance. Tu vas adorer.
On a enfilé nos masques, et dès qu’il a mis la tête sous l’eau, son visage a changé. Ses premiers poissons : de toutes les couleurs. Et ce poisson-clown, Nemo en personne, celui qui lui a valu des cris étouffés sous l’eau : « Mmmm mmmm mmm ! », me disait-il en le montrant du doigt avec excitation. On a aussi vu une murène qui ondulait entre les coraux, et des paysages sous-marins qui n’avaient rien à envier aux cartes postales. Pour moi, c’était un plaisir de partager ce moment avec lui, de le voir découvrir un monde si différent, si paisible. Un monde que je connaissais bien, ayant été plongeuse autrefois, mais qui, à travers ses yeux émerveillés, semblait tout neuf.
Après ça, on a déjeuné sur la plage, face à la mer. Une mer turquoise, une plage incroyable. On a mangé, on a ri, et on s’est jetés à l’eau encore une fois, juste parce qu’on ne voulait pas que ça s’arrête.
De l’obscurité à la lumière (et à un fou rire collectif)
Après cette découverte magique, notre bateau nous a emmené à l’Emerald Cave. Située sur l’île de Koh Mook. Là, il n’y avait pas d’autre choix : il fallait enfiler des gilets de sauvetage et nager dans une grotte. Dès les premiers mètres, tout est devenu noir. Une obscurité totale. Et je ne parle pas d’un « un peu sombre mais on s’habitue ». Non, on n’y voyait strictement rien.
On avançait, tous ensemble, chacun s’agrippant à la personne la plus proche. Un vrai troupeau aquatique. Roméo, d’habitude si téméraire, s’accrochait à moi. Et autant dire que l’ambiance oscillait entre fou rires et petits cris de panique.
— Maman ! C’est quoi qui a touché ma jambe ?
— Probablement juste un poisson… ou un monstre marin…
On a éclaté de rire. Dans l’eau, c’était un mélange d’éclaboussures, de coups de pieds maladroits et de commentaires dignes d’un groupe perdu dans un film d’horreur.
Puis, au bout de 80 mètres, ce qui semblait être éternité, on a vu une lueur au bout du tunnel. Une lumière ! Enfin. À mesure qu’on avançait, les rires et les exclamations reprenaient de plus belle, et là, d’un coup, la grotte s’est ouverte sur un lagon caché. Une plage secrète entourée de falaises gigantesques, de végétation foisonnante, laissant un contraste de couleurs à couper le souffle. L’eau turquoise scintillait sous le soleil, et tout autour, le calme.
C’était incroyable. Le genre d’endroit que tu ne vois que dans les films. Sauf que nous, on ressemblait plus à des rescapés d’un naufrage qu’à des héros hollywoodiens ! Tous mouillés, encore un peu désorientés, mais émerveillés. C’est un moment qu’on n’oubliera jamais, un de ceux qui te rappelle pourquoi tu voyages. Pourquoi tu sors de ta zone de confort. Parce qu’il y aura toujours une lumière qui t’attendra au bout du tunnel.
Au retour, on a replongé dans le noir avec un peu moins d’appréhension. Roméo a même eu son moment de gloire : il a pris la main de sa grand-mère qui fatiguait, pour l’aider à regagner le bateau.
— T’inquiète, Mamie, je suis là. Prends ma main, je te ramène.
Il s’est mis sur le dos, nageant avec un bras pour la guider comme un vrai petit héros. Ma mère s’accrochait à lui pendant que je les regardais, c’était un moment touchant.
En arrivant au bateau, il a ajouté, tout sourire :
— Heureusement que j’étais là, hein mamie ?
Koh Rok, le paradis
Notre seconde excursion a commencé à Koh Haa. L’eau, d’une clarté irréelle, laissait apparaître des bancs de poissons qui nageaient tout autour de nous. En snorkeling, Roméo s’émerveillait à chaque coup de palme : « Regarde maman ! » Moi, je regardais surtout son sourire.
Puis, on a mis le cap sur Koh Rok. Cette petite île paradisiaque où, on m’a dit, le tout premier volet de l’émission Koh Lanta a été tourné. Si on ne s’attendait pas à un totem caché derrière un palmier, le décor, lui, était digne d’un rêve. Du sable blanc qui brille presque sous le soleil, une eau limpide et des poissons qui venaient nager près à nos pieds. Sur le bateau, Roméo s’était attaché à un jeune couple français, surtout au garçon. Il plongeait avec lui, riait avec lui, et ne le quittait pas, que ce soit dans l’eau ou sur le sable.
On a mangé tous ensemble, les pieds dans le sable, avant de repérer des varans qui se prélassaient à l’ombre.
— T’as vu maman ? On dirait des mini-dinosaures !
Et je n’ai pas pu m’empêcher de sourire : tout était si simple, si beau, si évident. On ne voulait plus quitter cet endroit sorti d’un rêve.
L’orteil de maman, ou comment une simple histoire devient un marathon médical
Tout a commencé par un choc banal. En jouant avec Roméo, maman s’est cogné le pied contre le lit. On a cru que ce n’était rien, juste un gros bleu. Mais deux jours plus tard, son pied était toujours gonflé, et sa jambe commençait à enfler aussi. Et comme maman a le don de ne jamais s’écouter, j’ai pris les devants : direction la clinique.
À la clinique, on entre dans un autre univers. Première étape : reconfigurer le téléphone de maman pour appeler l’assistance médicale française. Le souci ? Il fallait remettre sa carte SIM française. Simple, non ? Eh bien non. Le Thaï chargé de l’opération a perdu le « frame » de la carte SIM. Un moment digne d’un sketch : ils étaient sept autour de nous, fouillant partout, souriants, détendus, et surtout, toujours solidaires. Pas un reproche, pas une plainte. Et quand, après une recherche acharnée, le « frame » a été retrouvé (au fond du sac à main posé à côté), c’était l’euphorie générale. On aurait dit qu’ils avaient trouvé un trésor. J’étais fatiguée, mais franchement, qu’est-ce qu’on a ri !
C’est justement ça que j’aime chez les Thaïlandais : leur capacité à garder leur âme d’enfant. Ils rient de tout, même de leurs erreurs, et ils se soutiennent sans chercher à se blâmer. Ils ont cette gentillesse sincère et désarmante qu’on a parfois du mal à retrouver chez nous. Je crois que c’est ça qui nous touche, nous les Français. Comme si, à travers eux, on retrouvait une part de nous qu’on a perdue : ce côté insouciant, joyeux, simple.
Ensuite, place aux soins : radio confirmée, petit orteil cassé. Rien d’inattendu jusque-là. Mais voilà qu’ils nous orientent vers un chirurgien orthopédiste à deux heures de route, dans un hôpital plus grand. En route donc pour Trang. Là-bas, nouvelle radio (confirmant toujours le même diagnostic, merci), et une proposition d’opération : une broche pour redresser l’orteil et accélérer la guérison.
Maman a dit « non ». Moi aussi, d’ailleurs. Pas par manque de confiance envers les médecins thaïlandais, mais parce qu’on voulait être sûres que c’était vraiment nécessaire. On a demandé un autre avis. Résultat : l’assurance a estimé que l’opération était inutile. On est reparties sans broche, mais avec un soulagement énorme.
La journée, par contre, n’était pas finie. Maman, histoire de couronner le tout, a fait tomber son téléphone le soir même. Écran noir. Plus d’accès à quoi que ce soit : pas d’e-mails, pas de numéro de dossier d’assurance ni leur numéro de téléphone. La coupe était pleine. Fatiguée et à bout, j’ai fini par appeler ma sœur en France pour qu’elle prenne le relais.
Au final, tout s’est stabilisé. Maman et Roméo sont restés comme prévu jusqu’à dimanche. J’ai eu chaud : à un moment, j’imaginais déjà un départ précipité de Roméo. Intense, mais franchement, tellement inutile. Hahaha.
Roméo, le caméléon social
Roméo a une façon fascinante de s’adapter aux gens. Peu importe leur âge, leur humeur ou leur personnalité, il trouve naturellement le bon ton, le bon comportement, le bon sujet de conversation. Il a cette capacité à se fondre dans la relation, comme un caméléon social. Et je crois que c’est un peu ça aussi, chez moi.
Le voir évoluer comme ça, à côté d’adultes, tenir des discussions sérieuses ou rigoler avec des inconnus rencontrés en chemin, ça me touche. Il est beau à voir. Ça me conforte aussi dans une chose : il est prêt à sortir des jupes de sa mère. Hahaha. Enfin… un peu. Il reste encore à protéger, évidemment, mais le couver ? Non, c’est fini. Et vous savez quoi ? Ça fait bizarre. Pas mauvais bizarre. Juste… étrange. C’est un moment où je dois moi aussi apprendre à lâcher, à ajuster mon rôle de mère.
D’ailleurs, en parlant de cadre, j’ai récemment remis en place le contrôle parental sur les écrans. Vous allez sans doute rire, mais ça, c’est tout moi : j’aime côtoyer les extrêmes. Un moment, je lâche prise, je laisse les choses aller, et puis d’un coup, je reprends les rênes, parfois de façon un peu stricte. Peut-être que c’est ma manière à moi de chercher l’équilibre. D’aller voir jusqu’où je peux pousser, et ensuite de retrouver un juste milieu.
Et Roméo ? Pas une plainte. Rien. Il a juste accepté, comme si, quelque part, il me disait : « Ok, maman. Je comprends, je suis d’accord, un peu de cadre ne me fera pas de mal. »
On apprend tellement dans ce rôle de parent. Il n’y a pas de méthode magique. Chaque enfant est unique, chaque parent l’est aussi. Et au fond, on fait de notre mieux. Mais ça me frappe parfois à quel point on peut être durs avec nous-mêmes, ou même avec les autres parents. On a toujours un jugement prêt à sortir, mais on oublie qu’on ne connaît jamais toute l’histoire. Chaque relation est une combinaison infinie : entre nos propres expériences, nos cultures, nos époques, et toutes ces choses invisibles qui nous façonnent.
Mais il y a une chose que je sais : Roméo m’apprend autant que je lui apprends. Et ça, je crois que c’est la seule certitude qu’un parent peut avoir.
Un matin suspendu dans le temps
À 5h du matin, tout est différent. Le monde semble retenu, en suspens. Je me suis réveillée avant tout le monde, comme appelée par quelque chose, et je suis sortie. Le calme m’a enveloppée instantanément. La mer était immobile, ou presque. À l’horizon, des éclairs déchiraient doucement le ciel, sans bruit, comme s’ils dansaient pour personne.
Au-dessus de moi, les étoiles brillaient encore, piquetant le ciel d’un éclat fragile, tandis que les premières lueurs du jour commençaient à effleurer l’horizon. Le ciel changeait toutes les cinq secondes : des nuances de bleu, de violet, puis un rose timide qui s’est mêlé à l’orange. Les nuages formaient une colonne étrange, comme une parade d’animaux qui s’évanouissaient peu à peu dans la lumière naissante.
Je me suis laissée porter. Mon corps a commencé à bouger tout seul, sans forcer. Des étirements doux, des mouvements simples. Je ne réfléchissais pas : je suivais juste ce dont j’avais besoin. Par moments, j’étais immobile, respirant lentement, puis un autre mouvement venait, comme une impulsion. C’était instinctif, naturel.
Autour de moi, tout se réveillait doucement. Le ciel continuait sa métamorphose, la mer restait calme, et moi, je respirais au rythme de cette tranquillité. Un moment suspendu, rare, où tout semblait parfaitement aligné.
Changer de cap
Au début, je voulais emmener maman et Roméo à Koh Yao Noi, une île plus sauvage encore. Mais à mesure que les jours passaient à Koh Lanta, je me suis laissée séduire par la simplicité et le confort de cet endroit. Alors, j’ai changé les plans. Railay, cette autre petite pépite que j’avais adorée, semblait parfaite. Tout était réservé, organisé.
Et puis, le séjour à l’hôpital a tout bousculé. Avec maman et son pied cassé, bouger devenait compliqué. Finalement, on a décidé de rester à Koh Lanta jusqu’à notre départ pour Bangkok. Et honnêtement, c’était la meilleure chose à faire. Maman avait besoin de repos. Et moi aussi.
…
Et voilà, bientôt l’heure de quitter Koh Lanta. Ces jours passés ici nous ont offert de la sérénité, de l’émerveillement et quelques péripéties mémorables – que serait un voyage sans ça ?
Le prochain chapitre, c’est Bangkok, notre dernière escale avant le grand départ de Roméo. Rien que d’y penser, une petite boule commence déjà à se former dans ma gorge. Mais bon, chaque chose en son temps. Pour l’instant, je profite encore de ces derniers instants sur cette île, des couchers de soleil à couper le souffle et de ces moments simples qui font tout le charme de Koh Lanta.
À très vite pour la suite – et, je le sens, pour un tournant dans cette aventure.