15 octobre 2024, arrivée en Inde.
New Delhi, aéroport. Tout semble étrangement organisé. Les vastes halls aux hauts plafonds, l’agitation contenue des voyageurs et les écrans lumineux ajoutent une touche de mystère à l’endroit. La zone de transit n’a rien de commun avec ce que je connais, et le terminal reste introuvable. On nous dit de sortir de l’aéroport et de marcher dix minutes vers un autre bâtiment. Étrange, effectivement. Une rapide vérification de nos cartes d’embarquement et les étiquettes de nos bagages me rassure : ils suivront bien jusqu’à Goa, notre prochaine destination. Je me lance dans cette marche inhabituelle, curieuse et légèrement désorientée.
Arrivés enfin au terminal, après de multiples contrôles de sécurité, nous atteignons la zone des portes d’embarquement. La faim commence à nous tirailler. Je repère un stand et commande un dosa, une grande crêpe fine et dorée, farcie de pommes de terre épicées, accompagnée de sambhar et d’une sauce crémeuse à la noix de coco. C’est une première pour Roméo. Il goûte une bouchée, et ses yeux s’illuminent : grosse découverte, il adore !
L’arrivée à Goa. La machine à bagages est en panne et redémarre finalement 45 minutes plus tard. Le temps passe, et les bagages se précipitent vers leurs propriétaires respectifs, comme une colonie d’enfants retrouvant leurs parents après une journée d’excursion. Et soudain… plus rien. Plus de bagages qui tournent. Je regarde autour de moi : plus de passagers non plus ! Cette fois, c’est officiel : nos bagages sont perdus.
Je m’approche d’une hôtesse. Après quelques recherches, elle m’informe que nous aurions dû récupérer nos bagages à New Delhi pour les enregistrer à nouveau. Étrange, me dis-je. Je lui montre notre réservation, où rien n’indique cette étape. « C’est comme ça désormais, et vous êtes la seule dans ce cas ! » me répond-elle, imperturbable. Il est tard, et après ce voyage sans fin, nous sommes bien trop fatigués pour argumenter. Deux heures de taxi nous attendent encore. Je me résigne : « Que faire pour récupérer nos bagages ? » Elle m’assure qu’ils arriveront sur un prochain vol. On nous appellera, paraît-il. Espérons…
L’arrivée à l’hôtel. Le début du trajet en taxi se passe de manière somme toute « normale » ; c’est la première fois que nous voyons un semblant de grandes routes, bien faites, sans ces cratères géants dans l’asphalte. Je me dis que, pour une fois, nous allons arriver tranquillement à l’hôtel, sans être cabossés dans tous les sens. Que nenni, mes chers lecteurs ! C’était une pure utopie ! Dix minutes plus tard, voilà nos vieux amis : les trous. Mais ici, pas de simples nids de poules – ce sont des « nids de vaches » !
Il est tard quand nous arrivons enfin dans notre chambre. On est épuisés, bien trop pour nous plaindre de l’odeur de moisi et d’humidité qui règne ici. On verra ça demain !
Le lendemain matin. Le propriétaire de l’hôtel insiste lourdement pour que je règle la chambre d’avance. Quelque chose me dit que je ne vais pas rester ici longtemps. Je lui explique que je dois d’abord changer de l’argent et qu’on s’occupera de ça à mon retour. Pour l’instant, priorité : manger !
Le décor est splendide. Devant nous, la jungle étend ses teintes vibrantes, un vert profond mêlé de touches jaunes sous le ciel d’un bleu encore timide. Les palmiers, élancés et majestueux, se dressent tout autour comme une muraille naturelle, leurs frondes ondulant doucement au rythme du vent. Quelques oiseaux colorés passent en planant, ajoutant des éclats de vie et de mouvement à ce tableau digne d’une carte postale.
Mais un début de migraine pointe. Je me sens fiévreuse, un peu engourdie. J’ai sous-estimé l’impact du long voyage depuis le Népal, la fatigue, l’irritation accumulée aussi. Dans deux jours, c’est la pleine lune, en Bélier cette fois. On dit qu’elle sera « intense, chaotique ». Et vu les signes de tous côtés, il se passe quelque chose de puissant dans le ciel… c’est dingue.
Pour moi, au cœur de ce décor tropical et face à l’immensité de l’océan, l’effet était tangible. La fatigue, l’inconfort du voyage et cette lune intense semblaient converger pour créer une sorte de tension sourde, presque palpable. C’était comme si l’univers lui-même nous incitait à lâcher prise, à laisser se défaire ce qui doit l’être pour accueillir du neuf.
Après un petit déjeuner bien mérité au bord de la plage, Roméo n’a qu’une idée en tête : plonger dans l’immensité de la mer d’Arabie. L’eau est chaude, autour de 28 degrés, et les vagues se brisent sans fin. Pendant que lui s’amuse, moi, j’essaie de récupérer.
Nous attendons l’arrivée d’une amie, Steph, avec qui nous avons prévu de passer du temps ici, à Goa. Nous avons réservé dans le même hôtel. Quelques heures plus tard, elle toque à ma porte et me lance : « On ne va pas rester ici ! » Le manager nous propose alors un appartement avec deux chambres, qu’elle part visiter. Pari gagné : l’endroit est parfait, et le prix plus que raisonnable. En prime, l’appartement nous rapproche de tout, y compris de la plage. C’est décidé, nous allons poser nos valises ici pour deux semaines. Avoir une amie à proximité et un espace stable fait un bien fou ! On commence à se sentir installés, avec quelques repères rassurants.
Ce voyage m’apprend à quel point ma manière de voyager a évolué. Les attentes et les envies d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec celles de mes vingt ans. Désormais, j’ai besoin de rester plus longtemps dans un endroit, de ne plus faire mon sac tous les quatre jours.
Ces deux semaines à Goa ont été marquées par une belle stabilité. Chaque matin, nous commencions par un petit déjeuner tranquille à l’appart, profitant des bruits de la jungle environnante. Ensuite, direction la plage, où le sable chaud et le bruit des vagues apportaient une sérénité bienfaisante.
Pour ma part, j’ai suivi une cure ayurvédique d’une semaine, avec massages et soins qui m’ont permis de me ressourcer. J’ai aussi participé à quelques cours de yoga, redécouvrant le plaisir de me reconnecter à mon corps.
Nous avons exploré le marché de Mapusa, vibrant de couleurs, de saveurs et d’épices de toutes sortes, où nous avons savouré des dosas croustillants dans une cantine – un vrai délice ! Les soirées se terminaient par des couchers de soleil et des parties de Uno, ajoutant une touche de légèreté à notre quotidien. Une routine simple et apaisante.
Ici, à Goa, il y a d’un côté le décor idyllique qui s’offre à nous : la nature éblouissante, une plage immense où les vagues se jettent avec force, et une chaleur tropicale qui enveloppe tout. Les palmiers et cocotiers se balancent doucement au gré du vent, créant une atmosphère paradisiaque. Cependant, cette beauté cache un revers désagréable. Les odeurs parfois nauséabondes ou carrément polluantes de plastique brûlé, la saleté omniprésente, et la vétusté des infrastructures ternissent l’expérience. Les derniers jours de notre séjour, un voile de pollution a terni tout le paysage, le soleil n’arrivant même pas à le percer, il restait comme coincé derrière.
Les prix pratiqués ici sont souvent exagérés, semblables à ceux que l’on trouve à Bali, alors que la qualité des services ne suit pas. Il est frustrant de constater que Goa, autrefois un joyau caché, semble désormais surfait. Les vaches bleues, devenues un symbole de la région, se déplacent nonchalamment, presque comme pour cacher les trous béants dans le sol et la dégradation ambiante. En fin de compte, Goa donne l’impression d’avoir perdu sa magie d’antan, offrant une expérience qui, bien que riche en contrastes, ne correspond pas à ce qu’on pourrait en espérer.
Place aux anecdotes de cette partie du voyage :
Comme la vie n’est que rarement un long fleuve tranquille et comme si les puces de lit du Népal ne suffisaient pas (je crois que c’est un détail que je n’avais pas mentionné!), voilà maintenant que j’ai attrapé la teigne dans les cheveux. Résultat : un trou béant, sans cheveux, sur le dessus de ma tête. Je vous assure, j’étais en panique totale ! Ceux qui me connaissent savent combien mes cheveux sont précieux pour moi. Alors forcément, ça déclenche en moi une nouvelle remise en question : pourquoi est-ce que cela m’arrive ?
Que dois-je comprendre, spirituellement ou personnellement, derrière cette expérience ? Mes cheveux, surtout parce qu’ils sont longs, ont toujours été pour moi plus qu’une simple coiffure : ils symbolisent quelque chose de profond, en lien avec ma féminité, ma séduction, mon identité même. C’est étrange de sentir que cette perte matérielle touche à quelque chose d’aussi intime. Peut-être est-ce un rappel pour m’interroger sur ce qui se cache derrière cet attachement.
Perdre mes cheveux de cette façon, aussi brutalement, éveille des questions : est-ce une invitation à redéfinir ce que signifie être femme, au-delà de l’apparence ? Un signal pour revisiter ma relation à moi-même, à la séduction et à la confiance qui ne s’appuie pas sur l’image ? Autant de pistes qui s’ouvrent, même si, en toute honnêteté, ce n’est pas simple à accepter.
Se retrouver sans bagages pendant trois jours a ajouté une couche inattendue de dépouillement à cette aventure. Trois jours à devoir faire avec ce que nous avions sur nous, à improviser, à emprunter. C’était un exercice de se contenter de l’essentiel, de lâcher ce qui, dans notre quotidien, paraît nécessaire mais qui, dans le fond, ne l’est pas.
Quand nos bagages sont enfin arrivés, trois jours plus tard, c’était presque un soulagement et une surprise de redécouvrir toutes ces choses. Mais le temps sans eux a laissé une marque : l’expérience m’a fait réaliser à quel point on peut s’alléger pour avancer plus librement, que l’essentiel est souvent bien plus simple que ce qu’on imagine.
À Goa, les animaux font partie intégrante de la vie quotidienne, libres et omniprésents. Dans notre allée menant à l’appartement, une famille de cochons devient une rencontre familière, nous observant au passage. Puis il y a les fameuses vaches, imperturbables, se promenant ou somnolant au milieu des routes comme si elles étaient chez elles, imposant leur rythme. Les chiens, eux, sont partout, aussi bien dans les rues que sur les plages ; certains profitent de longues siestes à l’ombre des transats, d’autres se chamaillent pour défendre leur territoire. Et puis, un matin, un singe est venu nous rendre visite, perché sur les toits, regardant la scène d’un œil presque méditatif, comme s’il contemplait la vie qui se déroule en bas.
Le 29 octobre, nous prenons enfin notre envol vers Sadhana Forest, à Auroville. C’est le point de départ de cette aventure, le lieu où tout a commencé. C’est à partir de cette idée que tout le voyage a pris forme, comme une graine d’inspiration qui a germé et donné vie à chaque étape qui allait suivre. Nous avons prévu d’y rester environ 2 mois, ma maman nous y rejoindra plus tard, j’ai hâte!
Le décalage, à la fois géographique, culturel, et personnel. Dans cette rencontre avec un monde si différent du nôtre, il y a une sorte de miroir tendu, qui nous pousse à nous questionner sur nous-mêmes. Qu’est-ce qui nous définit vraiment ? Sommes-nous si attachés à nos habitudes, à nos repères, à notre confort, que le moindre écart nous déstabilise ? Et dans ce décalage, qu’apprenons-nous sur la flexibilité, l’humilité, et la patience ? C’est une invitation à méditer sur notre capacité à accepter l’inconnu, à reconsidérer nos besoins, et peut-être à revoir ce que nous pensions être essentiel.
En nous confrontant à des cultures, des rythmes de vie, et même à des imprévus comme des pertes ou des gênes physiques, l’expérience nous encourage à reconsidérer ce qui compte vraiment. Sommes-nous capables de nous adapter, de lâcher prise ? Le décalage, finalement, n’est pas seulement une distance ; c’est une invitation à nous redéfinir et à accepter ce que l’aventure nous apprend sur notre propre chemin.
Bravo pour cette belle expérience 🤩 nous avons passé un mois en Inde cette année (février-mars) dont 15 jours a Auroville et nous y retournons en février 2025 🤗
cette expérience m’a bien marquée positivement … j’ai apprécié le partage avec mon mari et mon fils 🥰
Belle continuation ! Belles réflexions et beau cheminement 🌟
Christine
Oh là là, ma sis d’amour, quelle belle aventure !
Merci pour cet article si bien écrit et pour avoir partagé avec nous votre incroyable expérience en photo ! Bravo à vous pour votre adaptation et un immense bravo à Roméo ! 🌟💕
I love you both 🥰🤗🤗