Deborah Lesne
Soins Holistiques

Massage Ayurvédique

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Le chemin

Ce trek dans l’Himalaya, je ne savais pas si nous allions le faire, surtout pour des raisons économiques, mais aussi à cause de la difficulté que cela pouvait représenter pour Roméo. Une super opportunité s’est présentée, et voilà que j’accepte une mini-expédition de 5 jours dans l’Annapurna.

1er jour :

Nous prenons un bus local pour rejoindre Neyapul, le point de départ, à 1060m d’altitude. Destination : Hile, à 1560m – 5h de marche, 500 mètres de dénivelé, 10km parcourus. L’organisateur nous avait dit : « C’est facile, no worries ! » Hahaha 🤣… Comment vous dire ? Chacun son point de vue, n’est-ce pas ?

Il faisait très chaud, mais heureusement les nuages avaient caché le soleil. Le chemin était bordé de petites maisonnettes, de restaurants locaux, d’enfants jouant, de poules, de chiens, de biquettes et de vaches.

Ce premier jour a été très difficile. Roméo n’est pas un grand fan des randonnées, sauf quand il peut sauter sur des gros cailloux. Il est aussi très curieux et pose beaucoup de questions, ce qui, en montée, devient épuisant. Bref, un cocktail qui a mis ma patience à rude épreuve. Je me suis alors posée mille questions : Était-ce raisonnable de faire ce trek avec lui ? Comment tiendra-t-il le coup alors que moi-même j’ai du mal, et ce n’est que le premier jour ! Va-t-il vouloir continuer le voyage avec moi après ça ? Bref, c’était le bazar dans ma tête !

Arrivés au lodge, on se détend. Roméo, fidèle à lui-même, entraîne les Népalais (adultes) de la maison à jouer à chat. Un moment mémorable où tout le monde riait aux éclats. 😂 Le village de Hile est très charmant, tout comme notre lodge.

2ème jour :

Hile (1560m) – Ghorepani (2875m) – 1315 mètres de dénivelé 😱 – 15km – 8h

Nous avons gravi l’équivalent de 270 étages !!! La matinée a été extrêmement compliquée. Il n’y avait que des marches, et pas des petites ! Très difficile pour Roméo, et pour moi aussi. La patience m’avait quittée, j’ai fini par craquer : doutes, larmes…

Nous arrivons tant bien que mal dans un petit restaurant pour déjeuner. Après le repas, nous repartons avec un autre groupe, deux amis australiens et un guide népalais. Et là, changement complet chez Roméo : il était hyper énergique, s’est fait des copains de rando, jouait, rigolait. L’après-midi a été super. Nous arrivons à Ghorepani vers 17h. En arrivant là-haut, c’est un flot d’émotions qui m’a submergée. Ces montagnes, waouhhh, c’était incroyable ! Des larmes de bonheur, une joie immense. La vue sur la montagne la plus haute, à 8167m, était époustouflante, tout comme le coucher de soleil.

Quelle satisfaction après cette journée de grimpe ! La soirée se termine autour du brasero de notre lodge.

3ème jour :

Ghorepani – Poon Hill (3210m) – aller-retour pour admirer le lever du soleil. Puis, Ghorepani – Tadapani (2610m) – 17km – 8h

Je me lève à 4h30 pour 45 minutes de montée raide. Mon objectif : arriver avant le lever du soleil. Rapidement essoufflée, je ralentis. C’est le troisième jour, et je commence à sentir la fatigue. Dans ma tête, je me critique : les autres vont plus vite, moi, je n’y arriverai pas à temps. Puis, je me souviens des conseils que je donnerais à quelqu’un d’autre : ce n’est pas la finalité qui compte, mais le chemin… Facile à dire, hein ? 😂

Quand j’atteins enfin le sommet, je choisis de me poser à l’écart de la foule. Seule face à ces montagnes, c’est là, en admirant l’immensité du monde, ressentant le vent frais balayer mon visage et me transpercer le corps, que je peux enfin prendre conscience du chemin parcouru, que je suis capable d’écouter, de ressentir, de me reconnecter à l’instant présent…

Retour à l’hôtel pour le petit déjeuner, puis départ pour Tadapani. Avant de redescendre, une dernière montée nous offre un point de vue absolument divin. Nous croisons un troupeau de mules ornées de couleurs et de cloches. C’était incroyable…

Ensuite, une longue descente nous attend pendant laquelle un de mes genoux en prend un coup, je ralentis, beaucoup pour éviter de forcer. Nos compagnons de route m’attendent de temps en temps, ils sont adorables. Des pensées me traversent alors : avoir un guide, un planning, suivre un itinéraire imposé… Tout cela m’a fait comprendre pourquoi j’ai manqué de patience avec Roméo. Je me sentais enfermée, obligée d’avancer, et de le faire avancer. Cela m’a frappée en pleine descente, quand je devais ralentir et lui était déjà loin devant, tout heureux de dévaler les pentes.

L’humilité à ma porte, je prends conscience que rien ne vaut la liberté totale d’être soi-même, d’écouter son corps, et de vivre à son rythme, tout comme celui de ses enfants.

Sur ce tronçon, nous croisons une équipe de foot. L’entraîneur félicite Roméo d’être là, au milieu de tous ces adultes, et demande même une photo avec lui pour montrer à ses enfants. Roméo, fier, reprend encore plus d’énergie. Même les montées ne lui posent plus problème. Nous arrivons à Tadapani vers 15h, laissant un bon moment de repos dans ce petit village de montagne.

C’est ici que j’ai goûté la fameuse soupe Thukpa, d’origine tibétaine, très populaire au Népal, à base de nouilles, légumes et épices 🤩.

4ème jour :

Tadapani (2610m) – Ghandruk (1960m) – 4h – 10km

La dernière descente se fait facilement pour Roméo. Pour ma part, mon genou me fait toujours mal, mais je trouve des moyens d’avancer sans trop de douleurs. Je prends mon temps. Nous arrivons en début d’après-midi à Ghandruk.

5ème jour :

Ghandruk – Pokhara en bus – 31km – 3h30

Je pensais avoir vu le pire des routes népalaises entre Katmandou et Pokhara, mais je n’avais pas encore pris une route de montagne après la mousson ! Sincèrement, j’ai eu peur à plusieurs reprises. La route a même été coupée par un éboulement durant la nuit.

Birou nous dit que la route sera réparée dans une vingtaine de minutes. En moi-même, je me suis dit c’est impossible que cette route soit réparée en si peu de temps. Non seulement je n’y croyais pas, mais en plus, j’ai été prise d’une peur incontrôlable. Même réparée, il était hors de question que je remonte dans le bus pour traverser ce bout de route, étroit, par laquelle passe une cascade, sans garde fou. Nous avons donc traversé la rivière à pieds et nous avons attendus le bus de l’autre côté, il est arrivé 1h30 plus tard…

En vrac :

  • 4 jours de marche
  • 55 km parcourus
  • 25 heures de marche
  • L’équivalent de 470 étages montés
  • Altitude maximum : 3300 mètres
  • Montagne la plus haute aperçue : 8167 mètres
  • Dénivelé total : 2240 mètres

Notre guide Birou a été un modèle de bienveillance, de gentillesse et de patience. Il s’est particulièrement bien occupé de Roméo, lui permettant de se sentir à l’aise, en sécurité, et apprécié. Ce lien entre eux m’a énormément soulagée, car j’avais peur de ne pas réussir à gérer à la fois mon propre effort et l’accompagnement de mon fils.
Les Népalais, les villageois, les parties de UNO autour de la table, les jeux de chat, les leçons de jeux népalais, les parties de foot à Tadapani… Les Australiens et leur guide, qui ont motivé Roméo quand il était fatigué. Une équipe de foot de Singapour, impressionnée par Roméo. Une villageoise m’aidant à soigner mon genou fatigué par la descente interminable.

Buffles, mules, chiens, sangsues 😱… ils nous ont tous accompagnés de près.

Tantôt une chaleur écrasante, tantôt de la pluie, un ciel parfois nuageux laissant place à des vues dégagées sur ces majestueuses montagnes himalayennes.

Hile, Ghorepani, Tadapani, Ghandruk : ces villages où nous avons posé nos corps pour nous reposer, entourés de paysages mêlant pierres et façades bleues, absolument magnifiques.

Émotionnellement, Roméo et moi avons traversé tant de phases : découverte, émerveillement, joie, fous rires, impatience, colère, larmes, doutes, peurs. J’ai eu l’impression de vivre en trois jours ce que représente aussi la vie.
La vie, elle est comme ces montagnes : elle monte, elle descend. Parfois, elle est plate, nous laissant un peu de répit. D’autres fois, elle bouleverse nos plans.
J’ai fait aussi tous ces plans, et à près de 41 ans, je n’ai qu’un constat à faire en regardant en arrière : rien de ce que j’avais prévu des mois ou des années à l’avance ne s’est passé comme je l’imaginais. 😂😂😂

Laisse le flux de la vie s’écouler, prends les chemins qu’elle souhaite. Ne force pas, ne force jamais, ni une relation, ni une direction, ni un travail. Quand ça ne marche pas, trace ta route, laisse de la place, ouvre-toi, respire.

Je repense à ces instants, à ces rencontres, à ces paysages… Je me dis que malgré la difficulté, ça en valait la peine. Ce trek a été une véritable leçon d’humilité. Il m’a appris à prendre du recul, à accepter mes limites, et surtout à voir que Roméo est bien plus résilient que je ne l’aurais cru. Lui aussi a dû affronter des moments de doute, mais il s’est relevé à chaque fois, plus fort et plus déterminé.

Lâcher prise sur ses attentes, accepter que tout ne se passe pas comme prévu, se concentrer sur ce qui compte vraiment : profiter de l’instant présent, apprécier la beauté qui ce qui nous entoure et célébrer les petites victoires, une marche après l’autre.

Ce trek nous a permis de nous rapprocher, de partager des moments inoubliables, et de grandir, chacun à notre manière. Roméo a montré un courage et une maturité qui m’ont profondément touchée, et de mon côté, j’ai appris à être une maman plus patiente, plus à l’écoute, et plus confiante.

Cette aventure restera gravée dans nos mémoires comme une expérience unique. Un moment suspendu dans le temps, où nous avons pu nous déconnecter du quotidien pour nous reconnecter à l’essentiel.

Namasté 

1 réflexion sur “Le chemin”

  1. Tellement de moments forts et d’émotions vécues en seulement quelques jours ! Merci de nous partager le meilleur comme les difficultés, qui font partie du chemin et participent à rendre ce voyage unique 😍
    Un grand bravo à Roméo d’avoir réussi le trek !! 👏🏻 je vous embrasse fort 😘

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